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Source: Liberation

Cette année a marqué les 10 ans des révoltes qui ont commencé à Clichy sous bois en Octobre et Novembre 2005. Je n’espérais pas que le moindre évènement commémauratif aurait lieu, étant donné que les évènements ont été effacés de la mémoire collective, comme si la rage et le déni de ceux qui vivent dans des cités n’étaient qu’un feu de paille à éteindre rapidement. Mais 2015 a commencé avec les attentats à Charlie Hebdo et c’est fini avec les attentats du 13 novembre.
En 2015 aussi, les policiers responsables de la mort de Zyed et Bouna ont été aquittés.C’est évènement est est pour moi, représentatif d’une fracture, symptomatique d’un cancer en France, cette inabilité de reconnaitre une partie de ces ressortissants comme Français, et ensuite s’étonner quand ils expriment une rage inexcusable.
2005 a été une année importante en terme de mon éveil intellectuel. J’ai cessé de me considéré comme Française après les émeuttes. Ironiquement, en 2015, à des centaines de kilomêtres de la, j’ai compris qu’en déput de ce que la majorité peut penser, de ce que je peux essayer de me persuader, je le reste, que je le veuille ou non. L’anniversaire des émeuttes m’a permis de réfléchir sur le chemin parcouru ainsi que d’avoir le témoignages de jeunes femmes activistes qui se battent, en France ou ailleurs, pour que nous cessions d’être une honte cachée derrière un placard.

Amandine Gay


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“En 2005, je terminais mon mémoire à Sciences-Po sur les enjeux du traitement de la question du post colonialisme. 2005 a été une année importante en matière des mouvements anti racistes: il y a eu les indigenes de la republiques fondés en millieux d’année et ensuite les évènements de fin 2005. Ca a été une annee rupture avec une prise de conscience, l’assimilationiste et politiques de respectabilités.

Je me suis retrouvé en australie et personne comprenait que je disais que c’etait grave et repercussion. Pour nous c’etait trop plein, mais ca a pas de sens a l’exterieur. Ils ne comprennaient pas cette rage. En tant que français et noir-e, on vit une double vie. On ne vit pas nps expérience de français en tant que non-blanc.

Le discours general s’intensifie dans l’intolerance de manière reguliere. Il y a une banalisation du discours haineux raciste et islamophobe.D’un point de vue personnel, j’ai compris qu’à competences et travail egales et même superieur, j’aurais jamais ma place dans ce pays. Je serais jamais reconnue, rémuneré à l’échelle de mes compétences. Ça m’a fait comprendre que je pourrais pas rester.

Ca ne changera pas dans mon temps de vie. La France va se transformer demographiquement, mais cela prendra du temps et je ne veux pas attendre la-bas.Jusqu’à où est-ce que tu sacrifies ta propre vie? A quel moment est ce que tu te rends compte que ton combat a plus de portée si tu t’exiles volontairement, comme un moyen de te protéger?

Je suis francaise, mais c’est plus facile de vivre à l’étranger. J’ai passé 10 ans à Paris. Mais je n’ai pas pu rester, je suis partie à Londres et ensuite au Canada. Les portes s’ouvrent la bas. C’est indéniable.  Le modèle de societe anglo saxon se revendique comme multiculturel  parce qu’ils en ont besoin, de toutes ces communautés.

Je ne voulais pas devenir depressive et aigrie. Je connais plein de personalités noires qui ont osé dénoncé le racisme et l’ont payé de  leur carrieres.Je ne vais pas changer le systeme, et de plus en d’entres nous partent.Une prof m’a dit : “C’est pas parce que tu partes que tu dois couper les ponts. Tu te mets a l’abri pour te proteger. “

J’avais besoin d’un environnement sécure, pour mon bien être, ma santé mentale. J’ai commencé à produire mon film, Ouvrir la Voix. Je documente les luttes de ma génération, continuer ce que les autres ont commencé. Le film est auto-produit et je le monte sur mon temps libre. Meme quand on est faché , la France ça reste chez soi. Le drame c’est que ils veulent pas qu’on soit francais. Mais on l’est.”

Amélie Koulanda


Amélie Koulanda_November 2015Amélie Koulanda_November 2015
Amélie Koulanda_November 2015

“Pendant les révoltes de 2005, je vivais à Paris intra-muros. Je ne dirai pas que cela a eu un impact direct sur ma vie mais cela m’a poussé à la réflexion, les révoltes faisaient partie de mon quotidien, sans vraiment en faire partie, c’est un sujet dont on parlait quotidiennement. Le couvre-feu instauré par le ministre de l’intérieur de l’époque Nicolas Sarkozy, a été un moment marquant même si je ne vivais pas dans les quartiers touchés par les révoltes, parce que cela renvoyait forcément aux pages sombre de l’Histoire française notamment à la guerre d’Algérie et au « massacre du 17 octobre 1961 » où des centaines d’Algériens manifestant pour leur indépendance furent balancés dans la Seine par la police française. Je me souviens avoir pensé que le problème de ces révoltes des banlieues était précisément qu’elles avaient lieu en banlieue.

Cette France que notre société ne veut pas voir se révoltait et pendant ce temps à Paris la vie semblait suivre son cours. La presse étrangère en avait fait une couverture médiatique importante et la presse anglo-saxonne, américaine en particulier abordait de façon plus franche le prisme racial de ces protestations.”

“Je pense que rien n’a évolué positivement depuis dix ans pour les noirs de France, les arabes ou les personnes racisées en général. Chaque année noirs et arabes continuent de subir des contrôles au faciès quotidien, particulièrement dans les banlieues, des harcèlements et violences policières. Chaque année noirs et arabes meurent suite à des interpellations policières, souvent dans l’indifférence générale, car médias et politiques ne semblent pas s’y intéresser, préférant focaliser leur attention sur les crimes racistes ayant lieu aux Etats-Unis. Il y a toujours une discrimination raciale, économique, et spatiale très forte des noirs et arabes en particulier en France, qui ont plus difficilement accès à l’emploi et au logement. En France les noirs, arabes et musulmans en général sont fréquemment accusés de « communautarisme » (La France rejetant le concept de communauté) mais pourtant c’est la société qui nous isolent et crée ces séparations.

La France est un pays très négrophobe bien que la question du racisme anti-noirs soit rarement adressée. Les noir-e-s subissent des discriminations aux multiples conséquences. On le voit notamment à travers la division raciale et sexuelle du travail. Les hommes et femmes noirs sont toujours très demandés pour des tâches liées au ménage ou à la sécurité : vigiles, « femme ou homme d’entretien », etc…. Il est rare de voir des personnes noires avec des postes à responsabilité, et même lorsque c’esst le cas, cela reste rare et souvent de l’ordre du tokénisme, comme on peut le voir en politique par exemple. Les noirs, femmes et hommes, sont souvent employés et considérés comme des subalternes.

Ces dernières années, en plus du racisme sous ses différentes formes, j’ai moi-même fait face à la discrimination, à l’accès au logement par exemple. Lorsque je cherchais un studio à Paris, dans 95% des cas mon interlocuteur/interlocutrice après m’avoir demandé mon nom de famille au téléphone changeait d’attitude : soit il y avait souvent un court silence puis j’avais droit à des questions comme : « Vous cherchez un logement pour vous ou pour votre famille » ? « Vous avez l’intention de faire venir votre famille ? » ; ou encore « Vous êtes de quelle origine…vous êtes sure que vous êtes française? », tout ça pour un studio de 25m2 maximum, et pas dans les quartiers les plus « côtés » de la capitale. Parfois je dirais que je subis sans doute la négrophobie de façon moins violente qu’une personne noire de deux parents noirs, car je suis métisse, avec une mère blanche et que j’ai le teint clair, mais je ne suis pourtant pas épargnée par le racisme et la discrimination raciale. J’ai un nom de famille à consonance clairement africaine, et cela malheureusement dans la société française joue en ma défaveur.

De façon générale en France la voix des personnes noires est souvent ignorée et silenciée. Il y a un an, à l’automne 2014, des activistes noirs se sont opposés à « Exhibit B », le spectacle d’un artiste sud-africain blanc, présenté à Paris et en banlieue parisienne, où des acteurs noir-e-s immobiles étaient représentés de façon humiliante, comme des esclaves. La parole des opposants, dont j’ai fait partie, à ce « spectacle » a clairement était étouffée. Les médias préféraient inviter des personnes blanches pour en parler, notamment Pascal Blanchard, connu en France pour parler des noirs à la place des noirs, une sorte de « black face intellectuel ». Et les « associations anti-racistes officielles » telles que SOS Racisme, la Licra, le MRAP ou encore la LDH ne nous ont pas soutenu, y compris lorsque des manifestants noirs se sont fait tabasser par la police.

La France a toujours beaucoup de mal à assumer son passé esclavagiste et colonialiste et à traiter du racisme structurel dont sont victimes les noir-e-s et les personnes non-blanches en France. Aucune mesure politique d’ « action affirmative » n’a été prise depuis la fin de la colonisation soit depuis plus de cinquante ans. Heureusement en marge des organisations-soi-disant anti-racistes-officielles, des associations et collectifs comme MWASI, ou la Brigade anti-négrophie (BAN), ou encore Cases Rebelles œuvrent pour rendre audible la parole des noirs de France et nos revendications.”

Marie Julie Chalu


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Crédit: Julie Chiang

“J’ai entendu parler des évènements à la télévision. Et du coup, il fallait adopter un regard de recul sur le traitement médiatique qui en a été fait. On a parlé d’émeutes au lieu de révoltes par exemple.”“Cela m’a plutôt interpellé sur les conditions de vie dans les banlieues et comment ça a touché et impliqué principalement une jeunesse racisée. Cette jeunesse souvent sujette au racisme systémique (contrôle au faciès par exemple), au chômage, qui vit dans des lieux où les infrastructures sont faibles, où l’éducation est au rabais, subit de fait plus durement les inégalités de notre société. Et aussi la condition raciale influe sur la condition sociale.”

En 10 ans, pas grand-chose à évoluer, à vrai dire. En France, il y a un malaise sur la question raciale. Et quand je parle de « race » c’est de construction sociale que je parle et non d’une essentialisation biologique. Comme la France a du mal avec son passé esclavagiste et colonial, on assiste à un refoulement sur cette question. Mais tant qu’on ne passera pas cette étape d’en parler pour déconstruire, on assistera toujours à une reproduction (souvent inconsciente) de schémas où la même oppression se reproduit selon cette construction sociale de la « race ». Et le passé se reproduit en s’adaptant aux nouvelles logiques de la société, c’est ce qu’on appelle « l’impensé colonial ». Je finirais par ces mots de Léonora Miano dans Habiter la frontière :

« Contrairement à ce qu’on prétend souvent, ce ne sont pas tellement les Noirs de France qui refusent de tourner le dos à l’esclavage et à la colonisation. Ce sont la pensée et le regard du pays, qui peinent à quitter la plantation. Or, cet ancrage dans la plantation rend difficile l’appréhension sereine du chemin parcouru avec l’autre. Cet ancrage dans la plantation engendre un sentiment persistant de culpabilité qui empêche de garantir l’égalité et la fraternité. Si le regard porté sur les Noirs de France ramène, de manière culpabilisatrice, à l’histoire peu glorieuse qui en a fait des Français, on comprend la volonté de traiter ces personnes comme si elles n’appartenaient toujours pas à ce pays. »Racisé-e : – Se réfère à la nature socialement construite des identités raciales et ethniques (qui prend ses racines dans l’histoire esclavagiste négrier et coloniale) et de certaines identités religieuses.– Les personnes qui font l’objet d’un traitement différentiel basé sur l’apparence, l’appartenance culturelle, ou d’autres marqueurs identitaires.
– L’identité est assignée par des processus sociaux, pas nécessairement par l’auto-identification.

Personnellement, j’avais toujours cru que les expériences que j’avais vécues, ma réaction aux émeuttes et son impact, était quelque chose que moi seule. je ne m’imaginais pas qu’elle avait affecté tant de gens autour de moi qui avait aussi été choqués et dont la vision de la France avaient été bouleversée.

Les mois d’Octobre et Novembre 2005 ont été, pour moi, l’équivalent du reveil d’une négresse. Avant, j’étais le modèle de la méritocratie française. Mes bonnes notes et mon comportement généralement poli m’avaient permis d’aller dans des écoles catholiques, ou l’enseignement était bien meilleur que dans la ZEP ou j’étais rattachée, et sa réputation de merde. Mon but avait toujours été de me tirer de ma cité, et éventuellement de la banlieue ou j’étais née et avais grandi. J’étais persuadée que je méritais mieux, et si personne ne me croyait, au moins j’en étais persuadée.
Je me savais française, mais j’étais consciente d’être vue comme “française moins” à cause de ma couleur de peau. Je voulais transcender mes origines, et devenir une citoyenne comme une autre: pour cela, pour devenir enfin une “vraie française”, je devais me blanchir intérieurement, assimiler tout mon être afin que plus personne ne puisse remarquer que ma couleur de peau était différente.

J’ai grandi  dans une banlieue pas trop loin de Clichy sous bois ou la révolte a démarré en 2005. Ma ville (quasi-) natale est une mélange bizarre de cités, quartiers résidentiels et apartments privés.
A l’époque, je savais que ma cité n’étais pas si horrible. Après tout, on avait des incendies criminels seulement une fois par an, pendant l’été, quand les jeunes faisaient bruler des poubelles après le 14 juillet. On avait des pétards qui explosaient à répétition, mais on finit tous par s’habituer à la pollution sonnore, non?
Nos ascenseurs étaient (et sont) toujours couverts de pisse et de crachats, aussi bien au sol que sur les bouttons. Et ça, c’est quand ils fonctionnent, et qu’on a pas a ce taper entre 1 et 10 étages à pieds pendant une semaine dans des escaliers tellement dégueus, qu’ils te donnent même pas envie de sortir de chez toi. Les murs étaient trop fins, et on entendait souvent les portes claquer, les disputes chez les voisins, quand les mômes étaient pas tous simplement foutus dehors.
C’était notre quotidien. C’était pire dans certaines cités, où ils avaient des attaques à mains armées, des tournantes et autres. Mais le fait que comparativement, notre situation était “moins pire” ne la rendait pas meilleure.

Et puis, les évènements d’octobre et de novembre 2005 ont débuté. Au début, les médias les decrivaient comme la mort accidentelle de deux jeunes qui avaient déclenché une fois de plus des altercations entre les “sauvages” de banlieues et les braves forces de l’ordre qui faisaient leurs jobs. Zyed Benna et Bouna Traoré avaient mon âge, originaires d’Afrique subsaharienne et du Maghreb comme moi et mes amis. C’est triste à dire, mais je n’étais pas surprise que cela soit arrivé. Les confrontations avec la police étaient monnaie courante la ou j’habitais. Les policiers arrêtaient les jeunes qui zonaient de temps en temps. Mais pour le reste, ils étaient totalement inutiles, et mal aimés de toute façon.

La révolte, comme un feu, a atteint les autres villes alentours, bientôt le pays tout entier et tout brûlait. Certains  se révoltaient parce qu’il y avait un trop plein, un ras-le-bol. D’autres, avaient des motivations certainement moins nobles. Pourquoi détruire leurs propres lieux de vies? Peut être parce que celui où on les avait parqués en était à peine un. Quand vous mettez au ban, dans une zone modeste et délaissée, un groupe de gens qui n’ont en commun que leur couleur de peau et leur statut économique et social, que vous refusez de les entendre, de les représenter, de les humaniser, c’est impossible de construire une communauté.
L’état d’urgence a fini par être annoncé en novembre et soudain, les médias en parlaient partout. La seule crainte était que les révoltes donnaient une mauvaise image de Paris, la plus belle ville du monde, et que cela risquait de faire fuir les touristes. Les pauvres.
Le feu s’est propagé dans ma ville et l’ancien ministre de l’intérieur, Mr Sarkozy, est venu entouré de policiers, gardes du corps et caméras, annoncé dans une cité qu’il se débarasserait de la racaille, à coup de kärcher s’il le fallait.
Les ventes de l’aspirateur ont atteint des sommets.

Mr Sarkozy avait au moins l’hônneteté de dire ce qu’il pensait de nous. La racaille n’est jamais blanche, jamais française, juste une bande d’animaux confinés à l’intérieur de leurs barres, et qui osaient exprimer leur rage, au lieu de remercier la France de les avoir accueilli en son sein.

Au collège, on avait des débat houleux sur les émeuttes, montrant clairement la fracture entre les gamins de classe moyenne qui pensaient que les émeuttiers, les révoltés étaient des fouteurs de merde qui avaient trouvé de quoi s’occupper; et les gamins des cités, comme moi, comprennaient le feu et la rage.

Ironiquement, alors que je continuais de grimper l’échelle sociale, mes illusions furent pour toujours brisées après les évènements de 2005. La méritocracie était un mensonge. Etre une fille noire “bien” avec des bonnes notes, un bon français, une bonne attitude, et de l’ambition, cela ne me rendrait jamais humaine au yeux de la majorité des français. Ils me veraient toujours comme un stéréotype, au mieux; et comme une nuisance, au pire. Pour eux, il n’y avait pas de différence entre moi et les émeuttiers: nous étions tous des banllieusards et des non blancs. J’étais une noire de cité. Jamais française, toujours autre, étranger. C’était une étiquette qui me collerait à la peau sans jamais disparaitre. Il en avait été décidé ainsi pour moi et j’avais le choix entre l’accepter ou mener une guerre inutile.

Le feu continuait de brûler en moi, ainsi que dans les ballieues de France. J’espérais que cela continuerait jusqu’à ce que les choses changent. Mais cela n’est pas arrivé. Bientôt, les révoltes ne furent qu’un souvenir dans nos mémoires collectives, réapparant de temps en temps, comme en 2007 à Villiers le bel.

Il semblerait que les émeuttes aient disparues de nos consciences, le seul moyen pour les personnes touchées d’avancer. Mais comment cela est-il possible quand tout, dans ce pays, reste le même? Quand le changement est une promesse politique qui ne porte jamais ces fruits? C’est typiquement français de laisser les choses qui sont honteuses dans leur état jusqu’à ce qu’elles pourrissent.

Je retourne dans ma ville natale de temps en temps mais il semble que les choses ont empiré. L’insécurité augmente. Les agressions islamophobes également. Deux femmes voilées ont été aggressées en 2013.

La cité où Mr Sarkozy a fait son fameux discpurs a été détruite. J’imagine que l’effet Kärcher a vraiment marché. Ma cité rassemblait, jusqu’au début des années 2000, un melting pot de gens divers, un mélange de résidences privées et de cité HLM. Mais tout ceux qui ont en eu les moyens sont partis, ne laissant que les plus pauvres. Le taux de chômage a atteint les 17%. Les magasins ferment à la vitesse de la lumière. Les seuls qui restent sont les kébabs. Dans ma cité, les minuscules parcs et espaces verts ont été détruits pour laisser place à plus de bitumes. Les nouveaux traveaux pour l’améliorer ont commencé, mais quand finiront-ils?

Les policiers resplnsables de la mort et Zyed et Bouna ont été acquittés cette années.
Mais les bavures policières sont monnaient courantes. Ali Ziri et Amadou Koumé sont parmi les hommes morts après des altercations avec la police, morts toujours pas élucidées. Le système policier et judiciaire français légitimise les violences policières. Les forces de l’ordre gardent les raisons de ces décès sous silence jusqu’à ce que les familles fassent pression. Et même quand elles le font, la justice ne leur est pas rendue.

La Marche pour la liberté a eu lieu en Octobre en commémoration des évènements.  Des associations comme Ac le feu à Clichy lutte pour améliorer la vie des communautés. Mais les conditions sont telles qu’il n’y a guère de choix: soit partir, comme je l’ai fait, soit rester dans une impasse.

Je suis certaine que l’on assiste à l’éveil d’une génération, la mienne, qui en est venue à haïr leur pays. Et certains se radicalise par conséquent. La France a besoin de faire face à ce problème, et les raisons pour lesquelles tant d’entre nous en vienne à nier leur héritage.

La France doit accepter le pays qu’elle est devenue. Il est bien loin le temps de nos ancêtres les gaulois. Il est temps de reconnaitre ces citoyens qui ne sont pas blancs, et les assumer comme tels, et pas juste quand ça l’arrange, quand les sportifs noirs, arabes, asiatiques gagnent des coupes.
Parce qu’éventuellement, comme un de mes potes nous l’avait dit en 2005, la France est un pays bâti par les étrangers. C’est une partie de notre histoire, et cela est toujours vrai.

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