Hégésippe Moreau – Dix Huit Ans

J’ai dix-huit ans : tout change, et l’Espérance

Vers l’horizon me conduit par la main.

Encore un jour à traîner ma souffrance,

Et le bonheur me sourira demain.

Je vois déjà croître pour ma couronne

Quelques lauriers dans les fleurs du printemps ;

C’est un délire… Ah ! qu’on me le pardonne ;

J’ai dix-huit ans !

J’aime Provins, j’aime ces vieilles tombes

Où les Amours vont chercher des abris ;

Ces murs déserts qu’habitent les colombes,

Et dont mes pas font trembler les débris.

Là, je m’assieds, rêveur, et dans l’espace

Je suis des yeux les nuages flottants,

L’oiseau qui vole et la femme qui passe :

J’ai dix-huit ans !

Bercez-moi donc, ô rêves pleins de charmes !

Rêves d’amour !… Mais l’aquilon des mers

A jusqu’à moi porté le bruit des armes :

La Grèce appelle en secouant ses fers.

Loin de la foule et loin du bruit des villes,

Dieux ! laissez-moi respirer quelque temps,

Le temps d’aller mourir aux Thermopyles :

J’ai dix-huit ans !

Mais quel espoir ! la France, jeune et fière,

S’ind
ig
ne aussi de vieillir en repos ;

Des cieux, émus par quinze ans de prière,

La Liberté redescend à propos.

Foudre invisible et captif dans la nue,

Hier encor, je te disais : Attends !

Mais aujourd’hui, parais ; l’heure est venue :

J’ai dix-huit ans !

1828.

Je n’aurais pu choisir de poème plus beau pour signifier qu’aujourd’hui j’ai 18 ans et qu’à présent je suis dans la cour des grands. En vérité, ça ne change pas grand chose, parce que je ne me suis jamais considérée comme une mineure, et que j’ai assez souvent assumer mes responsabilités; L’année qui débute est pour moi une grande année: je participe à présent au magazine en ligne Dirrty Glam, (d’ici quelques temps certains articles seront en ligne), je tourne dans mon premier téléfilm Clandestin, en mars, je passe mon bac en juin et avec de la chance, je déménage pendant les grandes vacance pour avoir enfin mon chez moi et à la rentrée je suivrais, enfin, un cursus artistique nettement plus approprié pour moi que la ES. A peu de choses près je suis à 18 ans celle que je rêvais d’être quand j’étais gamine, et en plus je commence connaitre quelques unes des joies d’être adulte, comme de recevoir un cachet et de l”utiliser pour combler ses dettes.
Je pensais, comme Fitzgerald (mais avec deux ans de moins), qu’un grand écrivain de langue française se devait d’avoir publié un bouquin avant ses 18 ans, après il était trop vieux, ou du moins je me devais de le faire. C’est assez marrant, aujourd’hui je suis moins obsédée par ça, parce qu’il ne suffit pas de le vouloir pour publier un roman, il y a aussi d’autres données sur lesquels je n’ai aucun contrôle. Je continue d’essayer, parce que c’est la seule chose à faire.

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